sur la Formation Professionnelle

 

En vertu de l’article L. 2312-26 du code du travail, le CSE est consulté sur la politique sociale de l'entreprise, les conditions de travail et l'emploi. Pour l’assister dans cette mission, les membres du comité ont fait appel au cabinet SECAFI, y compris sur le volet formation qui a été décorrélé du reste de la consultation par décision des membres du comité, conformément aux dispositions de ce même article L2312-26 du code du travail.

En préambule, les élus souhaitent insister sur le fait qu’ils ne disposent que d’une vision parcellaire de la politique de formation dont bénéficient les salariés de Canon France.

Les informations dont ils disposent rendent compte principalement des formations confiées à des organismes extérieurs et, à un degré moindre, des formations déployées dans le cadre du CPF mais sont très lacunaires voire absentes concernant les formations planifiées dans le cadre du FNE, mise en œuvre par Canon Europe et prévues dans le cadre du « projet de Relance de la Société Canon France ».

Le CSE regrette de ne pouvoir disposer d’une vue d’ensemble précise de l’action et de la politique de Formation Professionnelle de Canon.

Par ailleurs, comme en 2020 au sujet du bilan 2019, les élus considèrent que pour se prononcer sur la politique de formation, il convient de définir plus précisément les notions de formations obligatoires, non obligatoires et les niveaux de priorité.

Après analyse des données à leur disposition, relatives à la formation externe 2020, les élus constatent que l’effort de formation de l’entreprise est faible (256€ / salarié formé et 137€ / salarié) alors que les enjeux d’adaptation sont élevés. Cet investissement fait par l’entreprise est Inférieur à l’investissement fait par les salariés (165 K€ pour le CPF et 37,5 K€ pour le FNE). Les élus alertent la Direction sur la tendance observée qui voit les salariés se substituer à l’entreprise dans le financement des formations nécessaires à la tenue de leur poste. Les formations à l’anglais financées par les salariés en sont une illustration presque caricaturale. Le CSE demande que la part des formations à la demande, financées par le CPF et le FNE, lui soit communiquée.

Les membres du CSE constatent également que l’année 2020 a été marquée par une réduction drastique du nombre de formations pour Canon France (417 contre 481 en 2019 soit -13%), un effondrement du nombre d’heures de formation (11.173 contre 23.741 en 2019 soit -53%) et du nombre de stagiaires (1309 contre 2161 en 2019 soit -39%).

Certes, la crise sanitaire a nécessité d’annuler des sessions mais, alors que l’agilité est posée comme valeur cardinale, force est de constater que l’offre de formation n’a pas su s’adapter, alors que de nouveaux besoins ont émergé et que les besoins antérieurs ne se sont pas estompés.

On constate pourtant que quasiment 1 salarié sur 2 n’a pas bénéficié d’une formation en 2020 et que les formations techniques connaissent un affaissement préoccupant avec une baisse de 81% des stagiaires et de 73% des heures de formation.

Par ailleurs, l’effort en formation dans le domaine du management a diminué de 77% en nombre d’heures, ce qui ne répond pas à l’investissement nécessaire dans une période de forte transformation comme celle que nous vivons, bien au contraire.

Toujours sur le domaine du management, sur lequel les élus du CSE avaient déjà insisté dans l’avis rendu en 2020, des précisions sont nécessaires sur le contenu de la formation Hunting workshop et l’absence de formations relatives au management individuel et collectif à distance, en lien avec le télétravail.

Au global, le CSE estime que l’investissement de l’entreprise est insuffisant et ne permet pas aux salariés de s’adapter, de maintenir voire développer leur employabilité et de faire face aux difficultés engendrées par la crise sanitaire. Ce constat est d’autant plus dérangeant que le document « Orientations stratégiques et projet de Formation 2021 » indique que le service formation évolue et place « l’humain au cœur de nos développements ». L’analyse du bilan 2020 tend à démontrer le contraire.

Si Canon souhaite réellement placer l’humain au cœur de son développement, les formations en ligne, ne doivent pas être une réponse systématique, d’autant que le lien social est fortement altéré, que les risques d’isolement s’accroissent et que le besoin de travailler en collectif s’affirme. Dans la période actuelle, la formation en ligne est une bonne alternative lorsque la formation en présentiel ne peut être mise en place. Elle ne doit pas, pour autant, devenir la priorité.

Concernant les formations en ligne, les élus du CSE observent une augmentation du temps de consultation et du nombre de collaborateurs qui se sont connectés par rapport à 2020 mais cette évolution est à relativiser car ce temps de consultation est inférieur à 2018, 2017 et 2016. Par ailleurs, l’offre de formations est essentiellement destinée aux commerciaux et n’a pas évolué pour s’adapter au contexte Covid.

Les membres du CSE avaient déjà relevé en 2020 que plusieurs points de vigilances étaient indispensables pour accompagner le développement de la formation en ligne via PERCIPIO. Ces points portaient, notamment, sur une planification claire des périodes dédiées aux formations en ligne pendant le temps de travail, le suivi du temps de connexion pendant et hors du temps de travail et la question de la validation des acquis de la formation. Or, les élus constatent qu’il n’y a pas eu de progrès dans la définition d’un cadre qui sécuriserait les salariés et leur permettrait de se former sereinement et réellement en ligne pendant leur temps de travail.

Au sujet des perspectives 2021, les membres du CSE estiment que si le budget est légèrement en hausse, il est très est inférieur à celui de 2019, de quasiment 50%. Cette évolution est assimilable pour les élus à un désinvestissement de l’entreprise en matière de développement des compétence et d’employabilité, ce qui est particulièrement alarmant dans un contexte où la crise sanitaire bouscule les modes et collectifs de travail, génère des risques psychosociaux, et déstabilise les relations managers / managés ; sans parler des effets du projet de Relance et des enjeux d’accompagnement des salariés.

Les membres du CSE n’ont pas connaissance d’un budget de formation spécifique dans le cadre du PSE. Au-delà des formations indiquées dans le document « Additif à la note d’information sur le projet de Relance de la société Canon France », les élus n’ont pas de précisions sur les modalités d’accompagnement des salariés qui connaissent ou connaitront une mobilité interne nécessitant un développement de leurs qualifications, de leurs connaissances théoriques, de leurs compétences techniques ou managériales, de la prise en main de nouveaux outils ou de l’appropriation de nouveaux portefeuilles territoires ou produits. Outre des sessions de formation, l’accompagnement de ces salariés doit pouvoir se faire selon plusieurs modalités qui méritent d’être quantifiées, cadrées et organisées, qu’il s’agisse d’accompagnement managérial, d’accompagnement par des pairs, de tutorat ou d’autre type de soutien.

Le CSE rappelle que cet accompagnement est déterminant, notamment pour assurer la sécurité et protéger la santé mentale et physique des salariés ; il implique de respecter les différentiels de rythmes d’adaptation et d’apprentissage de chacun.

Par ailleurs, les élus regrettent de ne pas avoir d’informations concrètes sur les modalités d’acceptation ou de refus des formations sollicitées par les salariés.

Enfin, malgré le contexte de crise sanitaire qui perdure, les membres du CSE remarquent qu’aucune formation n’est mise en œuvre pour soutenir l’évolution des modes et relations de travail. Les élus considèrent qu’il est notamment nécessaire de mettre en place des formations sur les sujets suivants :

- La relation manager / managé
- L’équilibre Vie personnelle / Vie professionnelle
- La gestion du temps et des priorités
- Savoir compartimenter sa vie professionnelle
- S’autodiscipliner pour pouvoir prioriser et se concentrer sur son travail
- Remise à niveau des salariés qui ont connu une longue période sans activité

En conclusion, les élus s’inquiètent que la politique de formation ne s’adapte pas aux enjeux déterminants que l’entreprise connait. Ils alertent sur ce qu’ils considèrent être un désengagement de l’entreprise à un moment crucial ; désengagement caractérisé par la baisse drastique du nombre d’heures de formation et le fait que la majorité du financement de la formation repose désormais sur le dos des salariés. Ce désengagement est particulièrement manifeste sur les dimensions techniques et managériales.

Les membres du CSE regrettent que l’avis rendu en 2020 n’ait pas permis d’infléchir les orientations et que des informations plus précises ne leur aient pas été fournies pour approfondir son l’analyse.